Jeux de lumière

J’aime cette lumière du matin filtrée par les lames des persiennes en bois laqué. Elle tombe au pied du lit puis se hisse sur le champ des ébats pour inonder mon corps nu et encore chaviré des plaisirs de la nuit. Ses rais zèbrent la peau et dessine les lignes et contours de mes formes offertes. Drapée d’un dégradé de gris ma peau ressemble à une feuille d’un carnet de croquis de nu, caressée par un tendre fusain.

Allongée alors sur le dos, les reins cambrés, j’aime ouvrir mes cuisses à cette lumière caressante, la regarder s’infiltrer au plus profond de moi. Ma main aime jouer à son tour, guidant ce faisceau comme son doigt, au cœur de mes désirs. La lumière me pénètre et m’incite à blottir mon corps contre lui, le désirant ardent et brûlant comme le soleil. J’aime alors la douceur de cette lumière qui enveloppe nos ébats d’un voile léger et si transparent.

La nuit, l’absence de cette lumière naturelle est difficile à combler. La lumière électrique même tamisée, tranche et agresse. Je préfère entourer l’autel de nos plaisirs, par de petites bougies disposées au sol dont les flammes oscillent alors que tout en moi vacille. Seules ces lumières me rendent impudique, tant elles respectent ma nudité et mon intimité. Son regard peut alors être d’une ardeur sans fin.